BPCO : BIENFAITS DE LA RESPIRATION ABDOMINALE :

 

Un témoignage de M. Joseph BIETH

 

            M. Bieth est atteint de BPCO. Son essoufflement, suite à un effort, remonte aux années 70/80, suivi plus tard par des "bronchites" à répétitions avec aggravation du déficit respiratoire.
            Une hospitalisation pour décompensation lui fait prendre conscience qu’il faut arrêter la cigarette. Et surtout, il continue à se battre, en « sportivant » pour garder son autonomie et éviter l’oxygénothérapie. Il est vrai qu’il a la chance de ne pas souffrir d’emphysème !

            Il nous livre ici l’exercice respiratoire qu’il pratique depuis sa jeunesse, et qui lui est très profitable.

 

            Je souffre de BPCO liée au tabagisme depuis une vingtaine d’années. Il y a trois ans, j’ai été hospitalisé pour cause de décompensation de l’insuffisance respiratoire avec pO2 trop faible et pCO2 trop élevée. Le traitement principal a été l’oxygénothérapie qui a été poursuivie pendant quelques mois à domicile*. De retour à la maison, j’ai immédiatement arrêté de fumer, multiplié les exercices physiques (marche, vélo, jardinage) et, surtout, appris et pratiqué la respiration abdominale adaptée à la BPCO.

 

*Il estime qu’il n’est pas suffisamment atteint pour poursuivre l'oxygénothérapie, car il la considère comme invalidante, vu qu’elle le prive dangereusement de liberté de mouvement, et qu’elle induit un effet rassurant, parfaitement néfaste.

 

La respiration abdominale adaptée à la BPCO : principe

 

Il existe essentiellement deux types de respiration :

 

1. La respiration thoracique où inspiration et expiration se font par élargissement et rétrécissement de la cage thoracique sans que le ventre ne bouge significativement. La plupart des adultes respirent instinctivement de cette façon. Ce type de respiration est incapable de corriger la dyspnée liée à la BPCO où le moindre effort physique conduit à un essoufflement difficile à contrôler.

 

2. La respiration abdominale où inspiration et expiration se font par gonflement et dégonflement du ventre à la manière d’un ballon sans que les côtes ne bougent significativement. C’est la respiration instinctive des nouveaux-nés ou la respiration volontaire des chanteurs professionnels. Elle remplit totalement les poumons ce qui confère une capacité respiratoire maximale.

 

            La respiration abdominale met en jeu de façon quasi exclusive le diaphragme, le muscle respiratoire principal. Celui-ci est bombé vers le haut au cours de l’expiration (lorsque le ventre se dégonfle) alors qu’il est abaissé au cours de l’inspiration (lorsque le ventre se gonfle). Le diaphragme est un muscle lisse dont la contraction ne dépend normalement pas de notre volonté. On peut cependant, à l’aide des exercices qui suivent, rendre ses mouvements partiellement volontaires. Plus important encore : si ces exercices sont faits avec assiduité pendant une longue période, la respiration abdominale pourra devenir inconsciente.

 

            Pour adapter la respiration abdominale à la BPCO, il suffit de faire en sorte que l’inspiration et l’expiration soient suffisamment lentes pour permettre à l’oxygène inspiré de passer de l’alvéole pulmonaire dans le sang et au gaz carbonique de quitter le sang pour se retrouver dans l’espace alvéolaire. Pour atteindre ce but, on inspirera par le nez et on expirera par la bouche positionnée en cul de poule. Ainsi pratiquée, l’expiration augmentera aussi la pression dans les voies aériennes, ce qui diminura leur obstruction.

 

La respiration abdominale adaptée à la BPCO : exercices

 

remarque : par différence avec notre respiration habituelle, les exercices qui suivent font de l’expiration un acte actif alors que l’inspiration est plutôt passive.

 

- Position du corps : debout, buste droit, jambes légèrement écartées et légèrement fléchies

- Expiration : pincer les lèvres comme pour siffler (bouche en cul de poule) puis chasser l’air très lentement en comprimant le ventre (au début, se servir des deux mains croisées sur le ventre pour mieux le comprimer). Au cours de cette expiration dire mentalement « mon ventre se dégonfle lentement et pousse mon diaphragme vers le haut ». L’expiration doit se poursuivre jusqu’à ce que tout l’air soit sorti du poumon. Elle doit durer au moins 6 secondes chrono sinon modifier le degré de pincement des lèvres. 

 

- Inspiration : A la fin de l’expiration, fermer la bouche, relâcher brutalement le ventre et inspirer lentement par le nez jusqu’à ce que les poumons soient pleins puis déglutir avant de recommencer à expirer. Au cours de cette inspiration dire mentalement « mon diaphragme redescend lentement et pousse mon ventre fortement vers l’avant ». L’inspiration doit être deux fois plus rapide que l’expiration (exemple : si expiration = 6 secondes, inspiration = 3 secondes). Il est important de veiller à ce que le ventre se gonfle fortement au cours de l’inspiration (au début garder les deux mains sur le ventre).

 

- Fréquence des exercices : 5 minutes trois fois par jour.

 

            Après quelques semaines d’exercice, on pourra évaluer l’efficacité de ce type de respiration à l’aide d’un oxymètre de pouls : le taux sanguin d’oxygène augmentera lentement mais significativement au cours des 5 minutes que dure l’exercice. Par exemple, ma saturation en oxygène qui est d’environ 93% à cause de ma BPCO, passe à 96% ou même 97% après 5 minutes d’exercice.

 

La respiration abdominale adaptée à la BPCO : avantages

           

-         Musculation du diaphragme et des muscles abdominaux d’où respiration plus efficace

-         Relaxation (diminution de l’anxiété et du stress)

-         Expectoration des sécrétions bronchiques facilitée par l’expiration à lèvres pincées

-         Dyspnée (essoufflement) soulagée suite à la lente expiration à lèvres pincées qui augmente la pression dans les voies aériennes diminuant ainsi leur obstruction

-         Echanges gazeux au niveau des poumons beaucoup plus efficaces

 

Comment j’ai appris à pratiquer la respiration abdominale adaptée à la BPCO

 

            Pendant mes études à l’Université, j’ai été choriste à l’EVUS (Ensemble vocal universitaire de Strasbourg). Un jour, notre chef de choeur a demandé à une cantatrice de nous apprendre à respirer efficacement pour bien chanter. Elle nous enseigna la méthode de respiration abdominale qu’elle pratiquait. Elle disait sans cesse « Je veux voir vos ventres 

bouger ! ». Sa méthode a aussitôt retenu mon attention et je n’ai cessé de la pratiquer. J’ai transmis son enseignement aux choristes de l’ensemble vocal dont je fais partie actuellement.

 

           Après l’hospitalisation mentionnée ci-dessus, j’ai glané divers renseignements sur des sites Internet pour mettre au point ma méthode. Je pratique ces exercices avec succès plusieurs fois par jour en contrôlant régulièrement ma saturation en oxygène avec mon oxymètre de pouls.