JE RESPIRE….
DONC JE BOUGE !
Dr E. LONSDORFER, Service de Physiologie et Explorations Fonctionnelles, NHC, Strasbourg
La BPCO est une maladie respiratoire, qui avec l’asthme, fait partie des atteintes que l’on classe comme chroniques obstructives. Schématiquement, au fur et à mesure de l’évolution et de la progression de la maladie, les bronches vont s’obstruer et se "fermer", rendant de plus en plus difficile le passage de l’air. La première gêne ressentie va être une difficulté à respirer, la dyspnée, qui s’installe initialement à l’effort, puis au repos. Prendre suffisamment d’air devient difficile, mais expirer l’air demande également beaucoup plus de force, et ceci est perçu comme pénible. De manière spontanée, lorsque la dyspnée d’effort apparaît, les patients ont tendance à diminuer leur niveau d’activité physique, sans véritablement s’en rendre compte. Cette réduction d’activité conduit forcément à une incapacité à s’adapter à un effort qui sera de plus en plus faible. Au bout de quelques mois, voire quelques années, apparaît une nouvelle entité, qui est aussi une maladie: le déconditionnement. Les patients sont victimes de la spirale infernale : « moins on en fait, moins on a envie d’en faire, et plus c’est difficile de faire quelque chose ». Il faut alors beaucoup d’énergie pour arriver à remonter la pente !! La thérapeutique qui permet de lutter contre ce déconditionnement nécessite, comme tous les autres traitements médicaux :
De plus cela peut être un excellent moment convivial, susceptible de se partager en famille, ou avec des amis et capable d’améliorer clairement la qualité de vie.
Il répond également à la devise : "mieux vaut tard que jamais ", c’est dire qu’il ne faut pas attendre de n’être plus capable de faire quoi que ce soit comme activité physique pour envisager d’en faire ! L’activité physique fait partie des préventions primaires : plus tôt on démarre la prise du traitement, meilleure sera la réponse, et plus importante et plus durable l’amélioration de la vie au quotidien.
En quoi consiste ce traitement ?
Eh bien, tout simplement à prendre le temps tous les jours de faire des activités physiques, de bouger... Elles sont accessibles à tous et doivent être adaptées aux possibilités de chacun. Tout est bon pour bouger : commencer par emprunter les escaliers plutôt que les ascenseurs, penser à faire, à pied, et à proximité, des petites courses pour lesquelles il était habituel de prendre la voiture, même si le déplacement reste dans le quartier. Promener son chien, aller chercher son pain, passer à la poste, ou tout simplement marcher pour le plaisir, faire un tour, et se donner des petits challenges de distance ou de temps, rallonger son parcours ou son temps de marche… En résumé : en faire un peu tous les jours, et surtout, tous les jours un peu plus que la veille. Objectif : un équivalent de 3 fois 30 minutes de marche par semaine an minimum, même si cette durée est réalisée de manière fractionnée sur la journée. Il vaut mieux faire 3 fois dix minutes de marche dans la journée plutôt que de se dire que 30 minutes en non-stop est irréalisable, et donc de ne même plus envisager de le faire…
Pour stimuler la progression un petit appareil très simple et peu onéreux, le podomètre, peut vous aider. Il permet de compter le nombre de pas que vous faites sur un temps donné ou tout simplement sur une journée entière. Ainsi, sur plusieurs semaines vous pouvez objectiver votre situation, puis votre progression, et……ensuite vous féliciter à la fois pour votre ténacité et pour vos progrés !
Comment dois-je travailler ?
Restons très pragmatique : l’intensité du travail que vous devez fournir doit toujours être dans les limites de votre tolérance. C’est à dire que vous devez toujours supporter votre effort sans être épuisé. Vous devez sentir que votre souffle est sollicité, que vos jambes travaillent, mais à aucun moment ceci ne doit vous épuiser. Sur une échelle de dyspnée cotée de 1 (aucune gêne) à 10 (essoufflement maximal), un exercice qui vous sollicite entre 4 et 6 est un bon niveau de travail. Si vous avez besoin de vous reposer un peu après, ce n’est pas grave, vous verrez qu’au fur et à mesure vous supporterez des intensités de travail ou des longueurs de marche de plus en plus grandes, et pour finir, des efforts qui vous coûtaient beaucoup deviendront de plus en plus faciles à réaliser. Mais pour cela, il faut être patient et régulier. Il est normal d’avoir un peu mal aux jambes ou aux bras selon les efforts que vous avez faits, il est normal que vous transpiriez lorsque vous réalisez vos efforts, ceci permet de réguler l’augmentation de température tout à fait physiologique qui existe lors d’un exercice physique.
Si vous n’aimez pas sortir, vous pouvez penser au vélo d’appartement. Là aussi, est indiqué, un travail qui respecte vos possibilités tout en vous stimulant suffisamment (la règle de l’échelle de dyspnée est toujours valable). Il en est de même pour l’utilisation des escaliers, simple, souvent facile d’accès et peu onéreuse !
Il est important également d’en informer votre médecin traitant ou votre pneumologue. Il est intéressant que celui-ci soit au courant des décisions que vous avez prises par rapport à la gestion de votre maladie, et de votre progression. Vous devez, bien sûr, l’avertir si vous voyez apparaître des douleurs à la poitrine, ou de manière anormale dans les articulations, que vous soyez victimes d’étourdissement ou vertiges, que vous ressentiez des palpitations, des difficultés respiratoires importantes et prolongées. Ceci est rarement le cas, et peut apparaître, par exemple, avant une infection qui se déclare, ou constituer les signes avant coureurs d’autres problèmes qui ne sont pas liés à votre état respiratoire. Soyez vigilants !
Enfin, pensez à apprendre à vous relaxer; vous gérerez mieux le stress et les phases de dyspnée aiguë, vous prendrez confiance en vous et serez plus à l’aise face aux autres, mais aussi à vous-même, et c’est le plus important !
Alors, bougez plus pour bouger mieux !